En voyant le documentaire de Raymond Depardon « La Vie moderne », j’ai été très émue par ces visages des paysans. Il a su nous donner, grâce à son regard empreint de tendresse et à sa patience, l’essentiel de ces hommes et femmes. Une des choses qui m’a frappée le plus c’est le silence, le plan posé sur eux comme un temps d’arrêt, sans rien attendre. Pourtant, nous, moi, dans la salle, j’attendais leurs mots. Je voulais attendre la parole de leur vie. Mais tout leur être passe à travers cette acceptation d’être regardé dans leur quotidien, dans la simplicité de ce qui a constitué leur vie. J’ai beaucoup pensé à notre projet dans la maison de retraite de Port Louis.
Et je me suis dit qu’il ne faut pas que j’ai peur de ce silence que je trouve également là-bas. Pas vouloir à tout prix faire jaillir les mots, les histoires, leur passé. Laisser venir et si rien ne vient, prendre ce moment qui est la représentation du temps qui passe pour nous, sans rien faire d’autre que d’attendre. Je me suis dit également que mon devoir est d’aller à l’essentiel, chercher ce qui est essentiel dans chaque phrase, dans chaque situation, homme et femme. Pas vouloir tout mettre et brouiller les cartes avec mille images. Oui c’est bien si j’ai le désir de travailler sur la cacophonie, le chaos, la multitude des fragments, mais je dois à tout prix trouver, aller vers l’essence et pas la forme. Ne pas se voiler la face, ne pas créer un faux semblant, un marasme de tremblement.
CHERCHER LA LIGNE, PAS LE TREMBLEMENT !