Performance Corps et Couture d’Odette Picaud et Leonor Canales (dans le cadre du Festival Invisible/Brest) Moi ma peau… Est un paysage lacéré par les pas des soldats russes Moi ma peau… Sont les mains de ma mère sur mes genoux Me mettant du mercurochrome après ma chute de bicyclette Moi ma peau… Sera une rivière où les jeunes filles en fleurs Viendront laver leur sexe après leurs premières règles Moi ma peau… T’attend T’as toujours attendue T’attendra Dis-moi où es-tu mon autre peau (…)

Après un atelier organisé par le Centre national des Arts de la Rue, le Citron Jaune autour de la programmation du spectacle "Amour à mère" en mars 2012, Leonor Canales revient à Port Saint Louis du Rhône, au sud de la France, au bout, tout au bout, pour écrire. Écrire une histoire faite d’histoires, des fragments de vies de 6 femmes rencontrées dans cette ville. Une histoire tissée de leurs fragments de vies, leurs joies, leurs blessures, leurs forces. Leurs voix aux accents d’ici et d’un (…)

Journal de Bord et poèmes Mercredi 6 Juin 16h07 : Je suis arrivée au phare de l’île de Wrac’h depuis ce matin (6 juin 2012), il pleuvait et Jean-Pierre puis Jo m’attendaient au rendez-vous (St Cava). Je suis arrivée à 10h20 après m’être arrêté au supermarché de Plougarneau pour acheter ce que je n’avais pas pu acheter avant : du café, de l’eau, du dentifrice, huile d’amande et huile de lavande pour le corps, pâté Hénnaf (je me suis dit qu’une résidence d’écriture sans pâte Hénnaf, (…)

C’est le texte que j’ai écrit suite à un atelier théâtre autour de la question : est-ce qu’il existe une identité féminine ? Si oui, c’est quoi qui me définit moi en tant que femme ?. Cet atelier organisé par le Citron Jaune (Centre National des arts de la rue), je l’ai mené assisté par Emmanuelle Putman à Port Louis, avec un groupe de femmes venant d’ origines, parcours et problématiques très divers. Nous avons vécu une expérience marquante pour nous toutes. Chacune est sortie grandie. Les (…)

Je porte en moi le poids du silence celui de la guerre et des vaincus. Je porte en moi la tristesse et la force de ma mère et de toutes les femmes qui l’ont précédée. Je porte en moi le désir de comprendre, de me comprendre, de comprendre l’autre et le monde qui nous entoure. Je porte en moi les injustices subies par ma sœur (sourde-muette) et par ceux, comme elle, laissés pour compte… Je porte en moi le déracinement et l’étrangère que je suis. Je porte en moi une petite fille devenue mère, (…)

« Oh, ma bonne mère ! Je les ai mouchés, comme on dit chez nous à Marseille. » Marie-Rose a 82 ans. Je l’ai su puisqu’elle m’a demandé mon âge : « 36 ? Ah non, tu ne les fais pas. Tu n’as même pas les traits tirés. Et moi, quel âge tu me donnes ? Allez, franche, n’aies pas peur. 75… 72 ? Oh, bonne mère ! Accroche-toi, 82 ! Je suis née en 25. » Marie-Rose est brune. Un brun noir comme le charbon. Teinte. Des traits fins, pas très grande et mince. Elle gesticule, parle, a gardé son accent (…)

82 ans… J’ai 82 ans et des poussières… Qu’est-ce que je fais là ? J’attends… J’attends qu’on vienne me chercher c’est ça les vieux… Savoir attendre. Avant je n’attendais pas… j’étais jeune et belle… mais surtout rapide, très rapide… maintenant tout est lent ou presque… mais je ne me plains pas j’ai encore ma tête… ou presque (l’arthrite, la migraine, la sciatique, les enfants) D’abord c’est les jambes, l’arthrose, les varices, la circulation ça fait mal, après c’est la sciatique, le mal (…)

Quand j’étais petite je voulais être une princesse Quand j’étais petite je voulais être grande et belle ! Mais un jour j’ai découvert sur mes mains… 1, 2, 3, quatre cailloux tout noirs. Alors j’ai dit à ma mère : « Mama, mama regarde je ne pourrai jamais être une princesse j’ai des mains de poissonnière. » Quand j’étais petite je voulais être une princesse Quand j’étais petite je voulais être grande et belle ! Mais non, je ne serai jamais princesse et je m’en fous Je préfère être poissonnière…